Quand la nuit tombe, Eva s'éveille. Elle n'aime pas se sentir impotente sous le joug du seigneur Sol.... mais rien ne peut changer cela. Quand elle émerge de ce sommeil sans repos, sans rêve, une soif profonde lui taraude parfois l'estomac, et lui ravine la gorge.
Le doux fleuve rouge de la vie l'appelle invariablement ; et le temps passant il est de plus en plus difficile de résister à cette sombre promesse d'un plaisir fugace. Il y a maintenant plusieurs décennie que Eva a compris qu’il n’était pas dans sa nature de se refuser à cet appel.
Quand elle se sent assoiffée, Eva part en chasse.
Elle n’a aucun plan, aucune stratégie, aucune habitude. La jeune vampire se laisse juste portée par la nuit. Elle marche dans la ville, laissant parfois passer des proies faciles tout près d’elle sans même songer à les toucher. Son esprit est morcelé en de si nombreuse pensée, son regard est si absent, et sa présence si réfrigérante qu’il est très rare qu’Eva soit importunée durant ses balades nocturnes.
Puis, aussi subitement que mortellement, Eva choisie une proie, la traque et la saigne en toute impunité. La méthode est toujours différente… Parfois elle se laisse approcher et séduire par une forte tête, qui a parié avec ses amis qu’il pourrait emballer cette jeune femme inquiétante, certainement une camée. Parfois, elle s’amuse à faire peur à une femme qui rentre chez elle, trop tard et par le mauvais chemin ; ou encore Eva attend assise par terre, dans une ruelle, jusqu’à ce qu’un vagabond, un clochard ou un junkie vienne lui demander quelque chose.
Eva a du mal à ne pas tuer.
Elle ressent une jouissance d’autant plus intense à boire le sang chaud de ses victimes qu’elle sent que c’est vraiment la Vie de ces petites poupées de chair qui s’évaporent ainsi et qu’elle absorbe. Elle n’aime pas considérer son besoin de sang de manière scientifique et matérialiste : sa nature de vampire la pousse vers la symbolique du mangeur d’âme, du dévoreur de vie. Elle ne peut vivre que par celle des autres.
Pourtant au fond de son esprit, elle sait qu’elle n’est pas obligée de tuer pour vivre, qu’un élan de volonté et un coup de langue arrangerait souvent bien des choses.
Et puis il y a le Prince. Et la Camarilla.
Il faut respecter le pouvoir. Alors Eva essaye de ne pas tuer ses victimes, même si du même coup, elle perd beaucoup de plaisir à se nourrir en se faisant ainsi violence.