Dans le cadre d'un projet pour fluidifier la circulation difficile dans le centre ville de Chicago, les autorités municipales en sont venues à l'idée de construire une série de "sous-rues".
Près de la Chicago River, là où Michigan Avenue la traverse. Trois pâtés de maisons de Michigan et dix de Wacker Drive, ainsi que plusieurs autres rues plus petites, ont été divisés en un niveau Supérieur et un niveau Inférieur. Par malheur, la notoriété de Chicago pour le crime et la violence urbaine a donné aux rues inférieures une mauvaise réputation. Le quartier a immédiatement commencé à se délabrer. Les rues supérieures projettent leur ombre sur celles du bas, une ombre aussi noire que la nuit sur Michigan et Wacker. Occupée à se garnir les poches, la municipalité n'avait pas d'argent à dépenser pour remplacer les lampadaires.
Pour ces raisons, très peu de voitures choisissent de prendre ce circuit. Les responsables de la ville profitent de l'absence de trafic pour justifier le manque de réparations, et peuvent détourner encore plus d'argent.
Ce quartier, qui reçut vite le nom de "Bas- Fonds", possède une particularité qui rachète le reste: sa proximité des niveaux souterrains des immeubles du centre ville assure, tout au long de l'hiver, qu'il y fait toujours quelques degrés de plus que dans reste de la ville. Pour cette raison, la population de sans-logis de Chicago a bientôt commencé à dormir au bord de la route.
Le quartier s'est installé dans la décrépitude. Bon nombre des lampadaires ne fonctionnent toujours pas, car la ville n'ose pas envoyer des ouvriers remplacer les ampoules. Il règne dans les Bas-Fonds une nuit
perpétuelle. A cause de l'absence de trafic, des maisons de carton se dressent au milieu de la rue. Parfois, elles sont devenus les mausolées de leurs propriétaires malchanceux. La police, qui descend une fois par mois pour "nettoyer", n'entrera dans le quartier que par équipes d'au moins dix hommes.
Quand la circulation passe, elle doit ralentir à cause des mauvaises conditions d'éclairage et des débris au milieu de la rue. Si un véhicule s'arrête, des douzaines de mendiants et de "laveurs de carreaux"
l'assiégeront. Ouvrir une fenêtre pour leur donner de l'argent est une idée parfaitement stupide. Ceux qui ne le font pas, toutefois, risquent de voir leur voiture retournée par des sans-logis en rogne contre les nantis qui osent pénétrer dans le royaume de ceux qui n'ont rien.